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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/144

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Navaja ; Tahera a fait une prise assez embarrassante.

L’Américain descendit aussitôt en faisant signe à ses gens d’avoir l’œil au guet.

Les deux hommes rejoignirent alors Tahera, qui leur raconta en quelques mots ce qui s’était passé, et quel moyen il avait employé pour s’emparer des deux hommes.

— J’ai voulu d’abord les tuer, ajouta-t-il en terminant, et puis j’ai réfléchi que peut-être ils pourraient fournir de précieux renseignements.

— Peuh ! tu aurais mieux fait de les tuer tout de suite, dit Bernard : ils vont nous embarrasser.

— C’est facile, dit laconiquement le Comanche en saisissant son couteau.

Williams Fillmore entendait et parlait, lui aussi, la langue de l’Indien ; il lui arrêta le bras.

— Non, dit-il, puisqu’ils ne sont pas morts, il faut qu’ils nous servent à quelque chose : je me charge d’eux ; transportons-les dans la voiture ; sont-ils bâillonnés ?

— Garrottés, bâillonnés et aveugles, dit le Comanche.

— Très bien ; parlez-moi des Indiens pour n’oublier aucune précaution, fit Navaja en riant.

D’un signe, il ordonna a son domestique d’aider Tahera à soulever les deux hommes.

— En voilà un qui est mort, dit le domestique.

— Voyons un peu, dit Bernard, en regardant de plus près ; ma foi, oui, dit-il au bout d’un instant, il est déjà froid ; qu’en faisons-nous ?

— Il n’y a qu’à le détacher et le laisser là : on le ramassera.

— Oui, c’est une idée.

Le mort était l’infortuné Ladèche.

En le garrottant, Tahera n’avait pas remarqué que le lasso trop serré avait étranglé le bandit.

Quand il le retira, il était déjà mort.

— Bon débarras ! dit Williams Fillmore. Voyons l’autre.

L’autre, c’était Fil-en-Quatre.

Il n’était pas mort, mais il l’avait échappé belle, ainsi qu’il le dit lui-même quelques heures plus tard.