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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/160

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— Certes, vous devez le penser ainsi ; mais vous auriez été volé comme au coin d’un bois, tout simplement, et voici pourquoi : l’homme que nous vous demandons de découvrir n’est rien moins que le marquis de Garmandia lui-même.

— Il se pourrait ! s’écria le policier avec la plus grande surprise.

— Oui, monsieur ; quand le moment en sera venu, je vous remettrai les preuves, écrites de la main du marquis lui-même, de ce que je vous dis : le marquis est l’ennemi personnel de madame la comtesse de Valenfleurs, de M. d’Hérigoyen et de moi ; ce serait une trop longue histoire à vous conter actuellement ; le temps nous manque pour cela. Qu’il vous suffise de savoir, quant à présent, que nous jouons depuis vingt ans une partie terrible, dans laquelle vous allez entrer pour en précipiter le dénouement.

— Vous pouvez, plus que jamais, compter sur moi après cette loyale déclaration, monsieur.

— Je le sais. La vie de ce misérable n’est qu’une suite non interrompue de vols, des crimes les plus odieux que vous puissiez imaginer : c’est un scélérat sans peur et sans remords ; en un mot, c’est une fauve qui jamais ne recule devant aucune extrémité ; il fera, je vous en avertis à l’avance, une défense désespérée. Attendez-vous donc à tout de sa part. Habitant Paris depuis quelques mois à peine, il a déjà recruté toute une armée de bandits dont il dispose à sa guise ; c’est lui qui, il y a quelque temps, a assassiné en plein jour une femme dans une voiture, et, quelques jours plus tard, a été l’auteur des massacres de la plaine du Bourget, de la Maison des voleurs. Cette nuit, il a fait tirer sur moi, et j’ai failli deux fois être assassiné ; enfin, il y a deux heures, ma voiture a été assaillie par trente ou quarante bandits qui se sont rués sur elle, le revolver et le couteau au poing. Il m’a fallu livrer une véritable bataille, et je n’ai réussi que par miracle à m’échapper des mains de ces drôles. Ces faits vous donnent