Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfermées dans la boîte, et, se tournent vers le docteur Loreau :

— Regardez, docteur, dit-il ; vous allez me voir appliquer cette formule qui vous enrage si fort.

— Allez, allez, monsieur le charlatan, répondit le docteur en riant, je ne vous quitte pas des yeux.

Bernard se courba sur les dormeurs, frappa pendant deux ou trois minutes les deux pierres l’une contre l’autre, comme s’il battait le briquet, puis il porta les pierres sous les narines des malades.

Il recommença quatre ou cinq fois ce singulier exercice sans se décourager, et sans paraître remarquer le sourire ironique qui déjà s’esquissait sur les lèvres du docteur Loreau.

Soudain, les dormeurs firent un mouvement ; un soupir gonfla leur poitrine et sortit de leurs lèvres entr’ouvertes.

Leurs paupières battirent comme si elles allaient s’ouvrir.

Les assistants, excepté Julian, qui depuis longtemps connaissait ce remède étrange, se regardaient avec une stupéfaction qui, en toute autre circonstance, aurait été comique.

— La dose était forte, dit froidement Bernard.

Et il se livra, avec une rapidité presque vertigineuse, à son singulier exercice de battre le briquet avec les deux pierres.

Tout à coup, les deux hommes étendirent les bras, ouvrirent les yeux et regardèrent autour d’eux avec une expression de profond hébètement.

Puis, presque aussitôt, sans transition, l’œil s’éclaira, le regard reprit toute son intelligence.

Cette fois, ils étaient complètement éveillés.

Leur premier mouvement fut de se lever du divan où ils étaient assis ; mais Julian les retint.

— Restez, leur dit-il avec bonté.

Ils laissaient errer leurs regards autour d’eux avec une surprise croissante.