Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Puis, après avoir salué toute la famille, avec un véritable respect, il se retira.

— Chou blanc ! s’écria le commissionnaire dès qu’il se retrouva seul dans l’escalier : sapristi ! il faut avouer que ces gredins-là sont de rudes mâtins tout de même.

Et il hocha la tête à plusieurs reprises d’un air préoccupé, tout en se hâtant de descendre.

De qui parlait-il ainsi ?

Sans s’arrêter à causer avec la portière, qui le guettait derrière son châssis, sans doute pour savoir ce qu’il avait fait et dit avec ses locataires, le commissionnaire la salua profondément en passant devant sa loge, puis il s’engagea d’un pas assez rapide dans le dernier corridor, et il quitta la maison par la porte donnant sur la rue de la Plaine.

Il jeta un regard autour de lui et aperçut aussitôt le garçon marchand de vins, qui, sans doute, lui aussi, avait terminé ses affaires, planté les jambes écartées et les bras derrière le dos, en admiration devant la mirifique affiche d’un grand journal à annonces alléchantes et d’une moralité plus que suspecte, dont nous tairons le nom, qui n’a rien à faire ici, ne serait-ce que par pudeur, et à cause du respect profond que nous professons pour nos aimés lecteurs.

De même que lors de leur première rencontre, les deux hommes ne semblèrent nullement faire attention l’un a l’autre, et tirèrent chacun d’un côté différent.

Seulement, par un de ces hasards singuliers, si fréquents, qui ne sauraient s’expliquer, vingt minutes à peine après cette deuxième rencontre, ils se retrouvaient ensemble devant la porte de l’hôtel d’Hérigoyen, dans lequel ils pénétraient presque en même temps, non sans s’être assurés d’abord par un regard circulaire que l’avenue était déserte, et que nul espion n’était embusqué aux environs.

En ce moment, Julian d’Hérigoyen et son père, retirés dans un salon particulier, devant la porte duquel le Canadien Charbonneau faisait sentinelle pour en défendre