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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/247

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nous avaient profité, nous passions dans les pampas pour de très habiles découvreurs de traces. Plus tard, pendant nos longues chasses dans les prairies du Mexique et des États-Unis, nous eûmes l’occasion de nous perfectionner encore, et nous arrivâmes à obtenir des résultats prodigieux, dont les Peaux-Rouges étaient eux-mêmes effrayés ; ils nous prenaient pour des sorciers.

— Je ne doute nullement que ce que vous dites ne soit vrai, monsieur ; mais je vous avoue que cela me confond, brouille toutes mes idées et me plonge dans une véritable stupeur. J’attends le récit des résultats que vous avez sans doute obtenus pour me former une opinion sur cette affaire étrange.

— Ces résultats, monsieur, sont nécessairement très restreints. Souvenez-vous que je n’ai eu qu’une heure à peine pour me livrer à des recherches forcément très difficiles, quand on est au début d’une piste ; mais, tels qu’ils sont, les voici. Dans le troisième corridor, que vous n’avez traversé que bien longtemps après moi, j’ai trouvé d’abord ce mignon bouton de manchette que madame de Valenfleurs reconnaîtra, je suis sûr, pour avoir appartenu à sa fille.

Et il prit dans une poche de son gilet un bouton de manchette fort petit, en or, avec une rose au milieu, et il le présenta à la comtesse et à son fils, qui le reconnurent aussitôt.

— Oh ! merci, monsieur Bernard ! s’écria la comtesse en lui tendant sa main blanche et effilée, que l’ancien coureur des bois baisa courtoisement. Soyez béni pour cette relique de mon enfant que vous me rendez.

— Merci ami, lui dit le jeune comte avec une émotion profonde.

— Mais passons, continua Bernard, ceci ne prouve qu’une chose : c’est que, ainsi que vous l’avez constaté avec raison, cher monsieur Bonhomme, le rapt a eu lieu dans le corridor, et non autre part ; ce bouton trouvé, je suis sorti dans la rue de la Plaine : c’était là où je devais établir mon champ d’investigations. Je reconnus d’abord