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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/281

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nos ennemis. À ce titre, il m’est suspect. Je ne vous le décrirai pas ; il change de visage, de tournure et de manières chaque jour avec une rare perfection. Je ne crois pas qu’il fasse cela seulement pour son plaisir particulier. Quel est son but ? Voilà ce que je n’ai pu découvrir depuis trois mois que je le surveille. J’ai comme un pressentiment que cet individu, quelle que soit sa véritable personnalité, est un de nos plus dangereux adversaires, et qu’au dernier moment, il démasquera tout à coup ses batteries et nous jouera quelque mauvais tour. J’ai la conviction qu’il s’entend avec nos ennemis pour nous nuire. Ce qui est certain, c’est qu’il connaît le Mayor : il lui a crié son nom en plein bois de Boulogne, c’est le Mayor qui me l’a signalé.

— Diable !… Et vous ne l’avez pas supprimé ?

— J’ai essayé dix fois sans réussir ; c’est une véritable anguille, on ne sait vraiment par quel bout le prendre.

— C’est fâcheux.

— Très fâcheux ; vous avez raison ; mais qu’y faire ? Heureusement que tout cela finira bientôt.

— C’est mon plus cher désir. Je compte sur votre parole, n’est-ce pas ?

— C’est dit ; soyez tranquille.

— Très bien. Alors je me retire.

— Si t’as pu rien à m’dire, je m’la casse aussi, tu sais ?

— Oui ; seulement, ce n’est pas le moment de se la couler douce, tu entends, j’ai besoin de toi.

— Qué qui faut faire ?

— Te rendre tout droit au faubourg Antoine, et aller m’attendre chez la mère Chaublanc.

— À la r’nommée des escargots sympathiques, au coin d’la rue de Reuilly, je n’connais qu’ça ; merci en v’là un rude ruban de queue.

— C’est comme cela, ma vieille, et pas d’flême, hein ? n’en faut pas.

— Du moment qu’c’est pour affaires, y a pas d’soin ; on y s’ra, mon bonhomme. Surtout n’me fais pas poser,