Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Refuseriez-vous ? demanda le Mayor, en fronçant légèrement le sourcil.

— Non, eh ! eh ! fit le Manchot, seulement il ne se soucie pas d’accepter.

— Je ne refuse ni n’accepte, dit sèchement le Loupeur.

— Qu’est-ce à dire ? s’écria le Mayor.

— Oui, que signifie cette réponse ?… Eh ! eh ! fit le Manchot en riant.

— Vous avez entendu ? reprit le Loupeur.

— J’ai entendu que votre réponse n’en est pas une.

— Vous croyez ? fit-il avec un sourire amer.

— Je vous serai obligé de me l’expliquer.

— Cela me sera facile.

— J’attends.

— Miss Lucy Gordon n’est plus ici.

— Comment ! miss Lucy Gordon n’est plus ici ? s’écria le Mayor avec stupeur.

— Je vous l’ai dit, reprit froidement le Loupeur.

— Mais où est-elle, alors ?

— Oui, eh ! eh ! où est-elle, cette chère enfant ? ajouta le Manchot.

— Que sais-je ? chez elle, probablement.

— Comment ! chez elle ? à l’hôtel de Valenfleurs ? reprit le Mayor avec une surprise croissante.

— Dame ! c’est là qu’elle demeure, il me semble, reprit sèchement le bandit, à moins cependant qu’elle se soit jetée à la Seine, ce qui ne serait pas impossible.

— Ah ! çà, que signifie cet imbroglio ?

— Ce n’est pas un imbroglio ; c’est la vérité que vous me demandez, et que je vous dis.

Le Mayor commençait à soupçonner quelque sombre mystère sous ces froides et sèches réponses du bandit.

Il reprit après un instant :

— Que s’est-il donc passé ici ?

— Que vous importe ? Il doit vous suffire de savoir qu’elle n’est plus ici.

— Non pas, mon maître, vous ne me donnerez pas ainsi le change, s’il vous plaît ! Cette affaire prend des propor-