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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/32

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— Hum ! et alors ?…

— Alors, ainsi que je me l’étais juré à moi-même, j’en ai fini avec elle…

— Diable ! c’est raide ! Ainsi, cette affaire mystérieuse qui a produit une si vive émotion dans tout Paris ; cette femme assassinée dans une voiture ?

— Tout juste ! À ta santé, ajouta-t-il en vidant lentement son verre et semblant le déguster avec complaisance.

— Caraï ! fit en pâlissant Oyandi, tu as eu le courage de la tuer ainsi ? Pauvre femme ! Elle t’avait sauvé la vie, pourtant, à l’hacienda !

Le Mayor haussa les épaules.

— Tu es un niais, dit-il avec mépris ; qu’importe qu’elle m’ait sauvé la vie là-bas, si elle était décidée à me perdre ici ?

Il y eut un assez long silence.

Malgré sa scélératesse, Felitz Oyandi était atterré.

Cette cruauté froide l’effrayait.

Il regardait le Mayor avec épouvante ; il tremblait et avait la gorge sèche.

Machinalement, il remplit son verre et il le vida d’un seul trait.

— À la bonne heure ! dit en riant le Mayor, j’aime à te voir boire ainsi.

Et il ajouta, comme si son affreuse révélation avait été la chose la plus simple du monde :

— Passons maintenant à l’autre affaire.

— Oui, balbutia l’autre, passons à l’autre affaire.

— Bois encore un verre de champagne, dit le Mayor en ricanant, cela te remettra tout à fait.

Sans doute Felitz Oyandi trouva le conseil bon à suivre, car il vida aussitôt un second verre de champagne.

— Bien ! reprit le Mayor toujours riant, maintenant que tu n’es plus aussi blême, je vais faire servir le café.

— Fais, répondit laconiquement l’autre, encore trop ému pour articuler de longues phrases.

Cinq minutes plus tard, le dessert était enlevé et rem-