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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/322

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Elle avait repoussé avec horreur les insinuations malveillantes répandues sur le compte de cette jeune fille, insinuations qui représentaient la demoiselle de compagnie comme complice de l’enlèvement de la malheureuse Vanda.

La comtesse avait presque élevé cette jeune fille.

Elle l’avait vue grandir auprès d’elle ; elle avait suivi avec sollicitude les métamorphoses successives de l’enfant en femme ; elle connaissait à fond son caractère ; pas un des replis les plus cachés de ce cœur de vingt ans n’était ignoré d’elle.

Tous les secrets de miss Lucy Gordon, la comtesse les avait devinés, mieux peut-être que celle-ci ne se les expliquait à elle-même.

Elle la savait foncièrement honnête et chaste.

S’il en eût été autrement, malgré la sincère et profonde amitié que les deux jeunes filles éprouvaient l’une pour l’autre, la comtesse ne l’aurait pas laissée une heure près de sa chère Vanda.

Toutes ces insinuations qu’elle traitait d’odieuses calomnies, et qui en réalité n’étaient pas autre chose, avaient fort attristé la comtesse, car elle comprenait combien la pauvre enfant devait souffrir de son isolement et de l’espèce de suspicion dans laquelle on la tenait depuis son retour — dont certainement elle avait dû s’apercevoir.

Madame la comtesse de Valenfleurs avait formé le généreux projet de consoler cette âme blessée et de lui rendre, en causant intimement avec elle, cette estime d’elle-même qu’on essayait de lui ravir.

Cette démarche, en prouvant à la jeune fille qu’elle lui avait conservé toute son amitié et sa confiance la plus entière, devait, dans la pensée de la comtesse, opérer la guérison morale de l’intéressante malade, en lui rendant le courage nécessaire pour établir d’une manière incontestable son innocence aux yeux de tous.

Le matin du jour où s’étaient passés les événements rapportés dans nos deux précédents chapitres, la jeune