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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/331

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— C’est une raison, dit la comtesse ; bah ! risquons-nous.

— D’autant plus, ajouta Denizà, qu’il nous faudra toujours céder.

— Les hommes sont si autoritaires ! dit Mariette en faisant une petite mine à croquer.

— Donc vous acceptez ? reprit-il.

— Nous nous résignons, corrigea Denizà avec un adorable sourire.

— C’est la même chose, dit-il en riant. Voici ce dont il s’agit, ajouta-t-il en redevenant sérieux subitement : pour certaines raisons très importantes, il faut que, à une heure de l’après-dînée, vous trois, mesdames, ainsi que miss Lucy Gordon, vous abandonniez vos hôtels, et accompagnées par don Cristoval de Cardenas, vous alliez vous installer pour huit jours dans une délicieuse maison achetée par moi dans un quartier excentrique, en prévision de ce qui arrive aujourd’hui ; c’est principalement à vous que je m’adresse, chère comtesse : les trois autres dames ne vont avec vous que pour vous tenir compagnie.

— C’est donc une fuite ? dit la comtesse devenue pensive.

— Non ; c’est une précaution tout au plus, mais précaution indispensable. Ne prenez avec vous que les objets absolument nécessaires ; la maison est amplement garnie de tout. Vous emmènerez vos femmes ; la livrée vous suivra, sauf quelques domestiques que nous laisserons à la garde des deux hôtels. Ne vous inquiétez en aucune façon de ce départ précipité. Je vous le répète, ce n’est qu’une précaution ; et peut-être même ce délai de huit jours, que je vous ai assigné, ne sera-t-il pas atteint.

— Nous obéirons, mon cher Julian, répondit la comtesse. Pour que vous ayez pris une détermination aussi grave, il faut que vous y ayez été contraint par des raisons d’une importance exceptionnelle.

— Vous me rendez justice, chère comtesse. Bientôt vous reconnaîtrez que, dans votre propre intérêt et sur-