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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/335

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Le parc était immense. Depuis très longtemps négligés, les arbres avaient poussé en pleine liberté, étaient devenus fort touffus, ce qui donnait au parc une apparence de forêt vierge tout à fait réjouissante.

Il abondait en kiosques, ruines, grottes, labyrinthes de toutes sortes, gracieux et admirablement situés.

En somme, c’était un charmant séjour pour y rêver à son aise et respirer à pleins poumons l’odeur âcre, parfumée et bienfaisante des grands bois.

Les dames étaient véritablement charmées de leur nouvelle demeure ; elles n’avaient qu’une crainte, celle de la quitter trop vite.

Dans de telles conditions, la vie ne pouvait s’écouler que douce et agréable pour les jolies locataires de ce palais des Mille et une Nuits réalisé en plein Paris.

Chaque jour Williams Fillmore venait ponctuellement faire sa visite à Julian et lui dire :

— Rien de nouveau encore ; ils se préparent ; la bombe ne tardera pas à éclater.

Il s’était passé un fait singulier.

À peine Julian avait-il quitté l’hôtel d’Hérigoyen pour se mettre sur la piste du Mayor, qu’il s’était senti pris d’une grande inquiétude et avait tout abandonné pour retourner à l’hôtel et rejoindre Denizà, en donnant pour prétexte à ses deux compagnons que mieux valait laisser Bernard agir seul et attendre son rapport, et savoir à quoi s’en tenir sur ses recherches, afin de manœuvrer à coup sûr.

Mais la vérité était qu’il avait peur pour Denizà, après ce que lui avait rapporté Williams Fillmore à propos des intentions de Felitz Oyandi contre la jeune femme. Il voulait la revoir au plus vite et ne plus la quitter jusqu’à ce qu’il l’eût vue bien en sûreté dans la maison de la rue de Reuilly.

Ce sentiment était à la fois si naturel et si humain, que ses deux compagnons le comprirent et ne firent aucune difficulté pour rebrousser chemin.