Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/342

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mettrez de vous faire observer, monsieur, que le moyen est des plus violents et singulièrement sauvage.

— Bah ! qui veut la fin veut les moyens. Ne vous ai-je pas averti que nous agissions à la mode des Peaux-Rouges ? Et puis en somme, est-ce que, au prix de quelques gouttes de sang versées, et quel sang ! nous ne rendons pas, à nos risques et périls, un immense service à la société tout entière, en la délivrant de ce ramassis de gredins sans foi ni loi qui lui ont déclaré une guerre sans merci ?

— À votre point de vue, vous avez raison certainement ; mais nos lois défendent de se faire justice soi-même.

— Allons donc ! si les lois sont mauvaises, qu’on les change !

— Ceci est bientôt dit.

— Et plus vite fait quand on veut. Ces lois défendent les coquins contre les honnêtes gens, c’est absurde.

— Je ne dis pas non.

— D’ailleurs, dans toute cette affaire nous n’attaquons pas, nous prenons nos précautions et nous nous tenons sur nos gardes ; si l’on veut envahir notre maison nous nous défendrons, et rudement je vous le jure ; qui oserait nous en blâmer ?

— Personne assurément ; la question posée ainsi, j’avoue que vous êtes dans votre droit et que ce sera tant pis pour ceux qui s’aviseront de vous attaquer,

En ce moment la voiture s’arrêta.

— Est-ce marcher, ça, hein ! bourgeois ? dit le cocher.

— Très bien ! répondit Bernard. Voici le louis convenu et cent sous pour boire.

— Merci, bourgeois ; à votre service. Ma foi, Cocotte est éreintée, je suis près de mon remisage, je vais rentrer et me donner du bon temps. À vous revoir, bourgeois !

Et le cocher fit tourner sa voiture et s’éloigna au petit pas, ce qui sembla faire un sensible plaisir à Cocotte.

À peine descendu, Bernard retrouva les traces du Loupeur.

Nous ne nous appesantirons pas sur cette seconde piste ;