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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/373

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Le banditisme n’a jamais déshonoré un gentilhomme, pas plus que la trahison.

Les nobles sont cosmopolites, lords d’Angleterre, grands d’Espagne ou comtes palatins et ducs français.

On vole, on pille, on incendie. On soulève une guerre civile, on se plonge dans le sang jusqu’à la nuque, mais on a quand même sa parole de gentilhomme, qu’il n’est permis à personne de mettre en doute.

Seulement, aujourd’hui, avec le progrès, les errements du bon vieux temps n’ont plus de cours légal. Les assassins et les escrocs titrés — quand on les prend, car ils sont lestes à disparaître, — passent en cour d’assises ou en police correctionnelle et sont envoyés au bagne, à la guillotine ou dans les maisons centrales.

C’est un malheur des temps.

Jadis il en était parfois de même, mais aucun gentilhomme ne se considérait comme déshonoré pour cela. C’était un des inconvénients du métier, voilà tout.

Les écussons des anciens preux, même les plus notoirement couverts de boue et de sang, demeurent immaculés, c’est convenu. Quelle belle et grande institution que la noblesse ! Et combien nos pères, en 1789, ont été coupables de la vouloir détruire ! Mais passons : cela nous conduirait trop loin.

— C’est bien, dit Bernard, j’ai confiance en vous.

— Cette confiance doit être entière ! répondit le Loupeur.

— C’est ainsi que je l’entends.

— Alors, à l’œuvre ! Il faut nous presser, je partirai en avant pour vous préparer les voies. Avez-vous une voiture que je puisse prendre, afin d’aller plus vite ?

— Oui, un fiacre acheté tout exprès pour les promenades incognito.

Et il ordonna d’atteler.

— Vous emmènerez avec vous une douzaine d’hommes résolus et bien armés, cela suffira ; seulement, vous devez, par le costume, ressembler à des agents de police en