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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/398

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— Oh ! mon ami, la seule pensée qu’un tel malheur soit possible me fait trembler ! s’écria le jeune comte en frémissant.

— Le sanglier est aux abois, mais il n’est pas forcé, dit rudement le Loupeur. Tant que nous ne l’aurons point porté bas, il se retournera contre nous. Tout ce que nous avons fait aujourd’hui ne servira à rien ; ce sera à recommencer dans quelques jours.

— Vous comprenez, n’est-ce pas, mon cher comte ? reprit Julian ; il nous faut en finir une fois pour toutes avec ce monstre ; c’est une nécessité implacable et fatale qui s’impose à nous, si nous ne voulons plus vivre dans des appréhensions continuelles et être exposés à des dangers terribles et sans cesse renaissants.

— Oui, murmura Vanda presque à voix basse : car ce démon me tuerait, j’en ai le pressentiment, ajouta-t-elle, avec un frisson de terreur ; oh ! s’écria-t-elle avec un cri d’épouvante ; voyez ! là ! là ! il est là !

Et elle étendit le bras vers l’extrémité du salon.

— À moi, Armand ! à moi ! sauve ta fiancée ! s’écria-t-elle à demi folle de peur.

Le jeune comte la prit dans ses bras, et, la remettant sur la chaise longue, il se plaça fier et résolu devant elle, prêt à la défendre.

Le Mayor venait d’apparaître dans l’entrebâillement d’une porte secrète.

Son visage pâle et convulsé par la colère avait une expression terrible.

— Ah ! murmura-t-il d’une voix sourde et hachée, c’est donc vrai ? C’est lui qu’elle aime ! le fils de Léona !

Tous les chasseurs s’étaient pour ainsi dire instinctivement groupés autour de la jeune fille.

— Voici le sanglier rentré dans sa bauge, reprit-il avec une ironie amère ; mais, avant d’être forcé, il découdra quelques-uns des chiens acharnés contre lui. Et d’abord à toi, beau muguet d’amour ! si je n’ai pu tuer la mère, au moins tuerai-je le fils !