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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/47

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à terre le paquet qu’il portait, se rua sur ses agresseurs les poings fermés, s’empara du gourdin de l’un d’eux, et les roua de coups de telle sorte, qu’ils lui demandèrent grâce ; mais lui les traîna, malgré leur résistance et leurs prières, jusqu’aux gendarmes, qui avaient assisté de loin à cette scène et accouraient à son secours. L’un de ces hommes avait un bras cassé et l’autre le crâne ouvert. Depuis cette époque, il inspire une superstitieuse terreur à tous ceux qui l’aperçoivent. Personne n’ose s’approcher de sa maison, même pendant le jour, quand il est absent ; car tous les matins il part pour Paris et ne revient que le soir.

— Je reconnais là mon homme, toujours aussi brutal et aussi vigoureux ; c’est un taureau, il nous donnera fort à faire, si nous ne prenons pas bien nos précautions.

— Mais comment nous introduirons-nous dans cette maison ? demanda Felitz Oyandi.

— Très facilement, reprit Caboulot ; j’ai réussi à y entrer pendant le jour, une heure après son départ pour Paris, il n’a ni homme ni femme à son service, ni chien ni chat, ce qui est fort commode pour nous. J’ai visité la maison du haut en bas, et j’ai pris les empreintes de toutes les serrures, j’ai les clefs dans ma poche ; nous trouverons là-bas deux lanternes sourdes.

— Je commence à croire que cette maison portera une fois encore malheur à son propriétaire, dit le Mayor.

— Et moi aussi, dit Felitz Oyandi. Pauvre diable de Sebastian, va ! il n’a pas de chance !

— Bah ! ce n’est pas nous qui le tuons, c’est la fatalité ! dit le Mayor en haussant les épaules ; à quoi bon nous attendrir sur son sort.

— C’est vrai ! nous sommes tous mortels ! dit Felitz Oyandi en levant béatement les yeux vers le ciel.

Ils éclatèrent de rire.

— Ah ! nous voici au petit Drancy ! s’écria Caboulot.

— Trente et une minutes, dit le Mayor en consultant sa montre ; nous avons bien marché.