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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/50

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— La grille est ouverte, il y a dans la cour un hangar où l’on peut remiser la voiture ; pas de risques à courir, qu’en dites-vous ?

Le Mayor réfléchit un instant.

— Non, dit-il enfin, ce moyen est mauvais, le hasard déjoue presque toujours les combinaisons les mieux conçues en apparence ; j’ai, je crois, une idée meilleure et plus simple, et qui, au besoin, nous créera un alibi ; quel est le premier village après le Bourget ?

— Gonesse.

— Est-il éloigné du Bourget ?

— Non, une lieue et demie ou deux lieues au plus.

— Voilà notre affaire. Michel ! appela-t-il.

— Vous allez continuer à marcher, lui dit-il ; vous traverserez le Bourget, et vous irez jusqu’à Gonesse, même plus loin si vous le jugez à propos ; seulement, il faut que vous soyez de retour ici dans une heure et demie. Nous vous attendrons dans l’avenue ; le cri de la chouette, deux fois répété, vous avertira de notre présence, et vous vous arrêterez. M’avez-vous bien compris ? Antoine montera dans la voiture, il se montrera en passant la tête par la portière : si vous croisiez des voyageurs ou des gendarmes il faut qu’on vous voie bien.

— Je comprends ce que désire monsieur ; ses ordres seront exécutés à la lettre.

— Bien ; n’oubliez pas dans une heure et demie.

— Précise ; si monsieur n’est pas dans l’avenue, je pousserai jusqu’ici.

— C’est cela ; allez !

— Ah ! pour le coup, voilà une riche idée, dit Caboulot en saluant ; mes compliments sincères, monsieur, on n’est pas plus habile. Partons-nous ?

— Quand il vous plaira.

— À propos, êtes-vous armés ?

— J’ai deux revolvers à six coups et un poignard, dit le Mayor.

— Très bien. Et vous ?

— Moi, je ne porte jamais d’armes ; et puis, je n’étais