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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/87

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Le cocher descendit de son siège et ouvrit lui-même la portière.

— Dix-huit minutes, dit-il en riant ; est-ce marcher, ça ?

— Un vrai chemin de fer ! répondit le Loupeur sur le même ton en lui mettant trois francs dans la main.

— Merci, dit le cocher toujours riant. À votre service quand il vous plaira ; j’vous demande la préférence. Badinguet n’en a pas l’air, mais il trotte encore rudement, quand il le faut.

Il remonta sur son siège et s’éloigna au petit pas.

Lorsque le fiacre eut disparu au milieu des autres voitures, le Loupeur et Fil-en-Quatre entrèrent dans la boutique du marchand de vins.

— Bonsoir, père la Giblotte, dit Fil-en-Quatre au débitant, assis majestueusement derrière son comptoir, une bouteille cachet jaune, deux verres, et tout ce qu’il faut pour écrire, dans le cabinet, là, en face.

— Bonsoir, monsieur Fil-en-Quatre, répondit le cabaretier avec un sourire de connaissance, j’aurai le plaisir de vous servir moi-même.

— Comme vous voudrez

Le deux amis entrèrent alors dans une de ces petites cages en verre dépoli dont les cloisons n’atteignent pas le plafond et que les cabaretiers décorent pompeusement du nom de cabinets.

Ils prirent place à une table et attendirent.

Le marchand de vins arriva presque aussitôt,

Il essuya la table, et posa devant les deux hommes une bouteille, deux verres, ainsi que le papier, les plumes et l’encre demandés.

Puis, après avoir débouché la bouteille et reçu le prix de la consommation que Fil-en-Quatre voulut payer d’avance, il se retira en fermant la porte derrière lui.

Quelques minutes suffirent pour écrire la lettre et vider la bouteille.

Puis ces deux devoirs religieusement accomplis, les deux hommes se levèrent, quittèrent le cabinet, saluèrent le cabaretier et sortirent.