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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/98

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du pouvoir pour tenter un dernier coup qui lui donnait définitivement la victoire.

Julian voulait livrer la bataille, lui aussi, à tout prix, si cher que le succès dût lui coûter.

Madame la comtesse de Valenfleurs ne pouvait avoir de secrets pour ses amis ; d’ailleurs son fils lui avait fait comprendre qu’elle devait tout leur dire.

Aussi leur avait-elle révélé la visite qu’elle avait reçue et les suites affreuses de cete visite.

Enfin elle leur avait montré le portefeuille agenda que la malheureuse doña Luz Allacuesta lui avait remis, quelques minutes à peine avant sa mort horrible.

Ce portefeuille renfermait une foule de papiers précieux, de la plus haute importance pour le Mayor.

On comprenait de quelle rage il avait dû être saisi, en s’apercevant qu’il lui avait été soustrait.

La lecture de ces notes avait amené une révélation foudroyante pour la comtesse, en déchirant le bandeau que depuis si longtemps elle portait sur les yeux, en lui apprenant que son premier mari vivait encore ; que c’était l’enfant de ce monstre et de doña Luz qu’elle avait sauvée dans la Savane, adoptée et élevée comme sa propre fille.

En découvrant cet horrible mystère, la comtesse n’avait plus eu qu’une seule pensée : fuir au plus vite pour se soustraire aux poursuites de ce misérable.

Ses amis avaient eu une difficulté extrême à la ramener à la raison, et à lui faire comprendre que, à Paris, entourée de tous ses amis, veillant sans cesse sur son repos et prêts à la défendre, elle serait plus en sûreté que partout ailleurs, et pourrait résister efficacement aux guet-apens que l’on tenterait contre elle.

D’ailleurs, selon toutes probabilités, le Mayor ne tarderait pas à lever définitivement le masque ; et profitant des embarras politiques, plus grands chaque jour, essaierait, dans l’eau trouble de cette désorganisation genérale, de jouer sa dernière partie et d’abattre ses ennemis.

Julian, dont toutes les mesures étaient depuis long-