Aller au contenu

Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une taille haute, carrée et musculeuse ; sa physionomie, sans être laide, avait quelque chose de repoussant dont on ne pouvait se rendre compte, ses yeux fauves et louches, enfoncés sous l’orbite jetaient une lueur sauvage, son front bas, ses cheveux crépus et son teint cuivré complétaient un ensemble qui n’avait rien de fort agréable. Il portait le costume des coureurs des bois, était froid, impassible, d’une nature essentiellement silencieuse et répondait au nom de Babillard, que sans doute les Indiens, ou ses compagnons eux-mêmes lui avaient donné par antiphrase.

— Tenez, mon brave, lui dit le général, en lui tenant un verre plein jusqu’au bord d’une espèce d’eau-de-vie appelée Mezcal, du nom de l’endroit où on la fabrique, buvez ceci.

Le chasseur s’inclina, vida d’un trait le verre qui contenait près d’un litre de liqueur, puis, passant le bout de sa manche sur sa moustache, il attendit.

— Je compte, dit le général, m’arrêter quelques jours dans une position sûre, afin de me livrer sans craindre d’être inquiété, à certaines recherches, serions-nous en sûreté ici ?

L’œil du guide étincela, il fixa un regard brûlant sur le général.

— Non, répondit-il laconiquement.

— Pourquoi ?

— Trop d’Indiens et de bêtes fauves.