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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/113

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plus et que bientôt ils aperçurent au-dessous d’eux, marchant en file indienne, c’est-à-dire l’un derrière l’autre, et suivant attentivement leur piste.

La Tête-d’Aigle venait le premier, à demi couché sur son cheval à cause de sa blessure, mais plus animé que jamais à la poursuite de ses ennemis.

Lorsqu’ils croisèrent les Comanches, les deux trappeurs se blottirent dans les feuilles, en retenant leur souffle. La circonstance la plus futile suffisait pour dénoncer leur présence.

Les Indiens passèrent sans les voir. Les chasseurs reprirent leur marche.

— Ouf ! dit Belhumeur au bout d’un instant, je crois que nous en voilà quittes cette fois.

— Ne nous hâtons pas de chanter victoire, mais éloignons-nous aussi rapidement que nous pourrons, ces démons de Peaux-Rouges sont fins, ils ne seront pas longtemps dupes de notre stratagème.

— Sacrebleu ! s’écria tout à coup Belhumeur, j’ai laissé tomber mon couteau, je ne sais où, si ces démons le trouvent, nous sommes perdus.

— C’est probable, murmura le Cœur-Loyal, raison de plus pour ne pas perdre une minute.

Cependant, la forêt qui jusqu’alors avait été calme, commença subitement à gronder sourdement, les oiseaux volaient en poussant des cris de frayeur, et dans les fourrés on entendait craquer les branches sèches sous les pas pressés des bêtes fauves.

— Que se passe-t-il donc ? fit le Cœur-Loyal, en