Aller au contenu

Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussitôt qu’il avance le museau pour s’en emparer, son pied se prend dans la trappe ; effrayé, il plonge ; la trappe enchaînée au pied résiste à tous ses efforts ; il lutte quelque temps, puis enfin, à bout de forces, il coule au fond de l’eau et se noie. Voici, señorita, comment se prennent ordinairement les castors. Mais dans les lits de rochers où il n’est pas possible d’enfoncer de pieu pour retenir la trappe, nous sommes souvent obligés de faire de grandes recherches pour retrouver les castors pris, et même de nager à de grandes distances. Il arrive aussi que lorsque plusieurs membres d’une même famille ont été pris, les autres deviennent méfiants. Alors, quelles que soient nos ruses, il est impossible de les faire mordre à l’appât. Ils approchent des trappes avec précaution, détendent le ressort avec un bâton, et même souvent renversent les trappes sens dessus dessous, les entraînent sous leur écluse et les enfouissent dans la vase.

— Alors ? demanda la jeune fille.

— Alors, reprit l’Élan-Noir, dans ce cas-là, nous n’avons plus qu’une chose à faire, mettre nos trappes sur notre dos, nous avouer vaincus par les castors et aller plus loin en chercher d’autres moins aguerris. Mais voici mon rancho.

Les voyageurs arrivaient en ce moment auprès d’une misérable hutte, faite de branches entrelacées, bonne à peine pour garantir des rayons du soleil, et en tout semblable pour l’incurie à toutes