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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/239

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XVII

LA TÊTE D’AIGLE.


La Tête-d’Aigle était un chef aussi prudent que déterminé, il savait qu’il avait tout à craindre des Américains s’il ne parvenait pas à dissimuler complètement sa piste.

Aussi, après le succès de la surprise qu’il avait exécutée contre le nouveau défrichement des blancs, sur les bords de la grande Canadienne, il ne négligea rien pour mettre sa troupe à l’abri des terribles représailles qui la menaçaient.

L’on ne peut se faire une idée du talent déployé par les Indiens lorsqu’il s’agit de cacher leur piste.

Vingt fois ils repassent à la même place, enchevêtrant les traces de leur passage les unes dans les autres, jusqu’à ce qu’elles finissent par devenir inextricables, ne négligeant aucun accident de terrain, marchant dans les pas les uns des autres pour dissimuler leur nombre, suivant des journées entières le cours des ruisseaux, souvent ayant de l’eau jusqu’à la ceinture, poussant même les précautions et la patience jusqu’à effacer avec la main, et pour ainsi dire pas à pas, les vestiges qui pourraient les