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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/278

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— Ma mère se trouve-t-elle assez remise pour être attachée au poteau ? demanda le chef avec compassion.

— Oui, dit-elle en se levant résolument.

La Tête-d’Aigle ne put réprimer un geste d’admiration. Les Indiens considèrent le courage comme la première vertu.

— Venez, dit-il.

La prisonnière le suivit d’un pas ferme, toute sa force lui était revenue, enfin elle allait mourir !

Le chef la conduisit au poteau du sang auquel elle fut attachée une seconde fois ; devant elle on empila des fagots de bois vert, et à un signe de la Tête-d’Aigle, on les alluma.

Le feu eut d’abord beaucoup de peine à prendre à cause de l’humidité du bois qui dégagea une fumée épaisse ; enfin après quelques secondes la flamme brilla, s’étendit peu à peu et en quelques minutes acquit une grande intensité.

La malheureuse femme ne put retenir un cri d’épouvante.

Au même instant un cavalier lancé à toute bride, apparut au milieu du camp ; d’un bond il fut à terre et avant qu’on eût le temps de s’y opposer, il dispersa le bois du bûcher et coupa les liens de la victime.

— Oh ! pourquoi es-tu venu ? murmura la pauvre mère en tombant dans ses bras.

— Ma mère ! pardonnez-moi ! s’écria le Cœur-