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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/302

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froide perlait à ses tempes et le sang coulait en abondance d’une blessure qu’il avait à la poitrine.

Cascaras ! murmura le capitaine, voilà un pauvre diable bien avarié, pourvu qu’avant de passer il puisse me dire quels sont ceux qui l’ont mis dans cet état et ce qu’est devenu Kennedy !

De même que tous les coureurs des bois, le capitaine possédait certaines connaissances pratiques en médecine, il n’était pas embarrassé pour soigner une blessure d’arme à feu.

Grâce aux soins qu’il prodigua au bandit, celui-ci ne tarda pas à revenir à lui. Il poussa un profond soupir, ouvrit des yeux hagards et resta pendant un temps assez long sans pouvoir parler ; mais cependant, après plusieurs efforts infructueux, aidé par le capitaine, il parvint à s’asseoir, et hochant la tête à plusieurs reprises, il lui dit avec tristesse, d’une voix basse et entrecoupée :

— Tout est perdu, capitaine ! notre coup est manqué.

— Mille tonnerres !… s’écria le pirate en frappant du pied avec rage, comment ce malheur nous est-il donc arrivé ?

— La jeune fille est un démon ! reprit le guide dont la respiration sifflante et la voix de plus en plus faible montraient qu’il n’avait plus que quelques minutes à vivre.

— Si tu le peux, fit le capitaine qui n’avait rien compris à l’exclamation du blessé, dis-moi comment