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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/375

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Il ressemblait bien plutôt à un gentilhomme en visite chez des voisins de campagne qu’à un prisonnier sur le point d’être fusillé, il ne semblait pas se soucier le moins du monde du péril qu’il courait ; dès qu’il eut fini de parler, tandis que les trappeurs se consultaient à voix basse, il s’occupa à tordre une cigarette de maïs, qu’il alluma et fuma tranquillement.

— Doña Luz, reprit le Cœur-Loyal avec une impatience mal déguisée, n’a rien à voir dans ces débats, sa présence n’est pas nécessaire.

— Vous vous trompez du tout au tout, cher monsieur, répondit imperturbablement le pirate, en lâchant une bouffée de fumée, elle est indispensable, voici pourquoi : vous comprenez parfaitement, n’est-ce pas, que je suis un trop fin renard pour me livrer comme cela entre vos mains de gaieté de cœur, si je n’avais pas derrière moi quelqu’un dont la vie réponde de la mienne : ce quelqu’un est l’oncle de la jeune fille ; si je ne suis pas à minuit dans mon repaire, ainsi que vous me faites l’honneur de le nommer, au milieu de mes braves compagnons, à minuit dix minutes précis, l’honorable gentilhomme sera fusillé sans rémission.

Un frémissement de colère parcourut les rangs des chasseurs.

— Je sais fort bien, continua le pirate, que vous personnellement vous vous souciez très médiocrement de la vie du digne général, et que vous la sa-