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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/401

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qui liaient les bras du général, puis il rendit le même service au nègre Jupiter.

Celui-ci, dès qu’il fut libre de ses mouvements, commença à sauter et à rire en montrant deux rangées de dents formidables et d’une éblouissante blancheur.

— Allons, soyez sage, moricaud, lui dit le pirate, restez tranquille ici, si vous ne voulez pas recevoir une balle dans la tête.

— Je ne partirai pas sans mon maître, répondit Jupiter en roulant ses gros yeux effarés.

— C’est cela ! reprit le pirate en ricanant, voilà qui est convenu, ce dévouement vous fait honneur, moricaud.

Revenant alors au général, le capitaine bassina ses plaies avec de l’eau fraîche, le pansa avec soin ; puis, après avoir fait placer devant les prisonniers des vivres, auxquels le Nègre seul fit honneur, le pirate se retira.

Vers le milieu de la journée, le capitaine réunit autour de lui les principaux de la bande.

Caballeros, leur dit-il, nous ne pouvons pas le nier, nous avons perdu la première partie, les prisonniers que nous avons faits son loin de rembourser nos frais, nous ne devons point rester sous le coup d’un échec, qui nous déshonore et nous rend ridicules. Je vais entamer une seconde partie ; cette fois, si je ne la gagne pas, j’aurai du malheur ; pendant mon absence, surveillez bien les prisonniers.