Aller au contenu

Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre fois dans mes mains, je ne sais pas comment je pourrais le sauver.

— Soyez tranquille, don Inigo, mon fils ne retombera plus dans vos mains.

L’hacendero prononça ces paroles d’une voix tellement sombre que le juge se retourna en tressaillant.

— Prenez garde à ce que vous allez faire ! dit-il.

— Oh ! ne craignez rien, répondit don Ramon, seulement comme je ne veux pas que mon fils monte sur un échafaud et traîne mon nom dans la boue, je saurai y mettre ordre.

En ce moment on amena le cheval.

Le juez de letras se mit en selle.

— Allons, adieu, don Ramon, dit-il d’une voix indulgente, soyez prudent, ce jeune homme peut encore se corriger, il a le sang vif, pas autre chose.

— Adieu, don Inigo Albaceyte, répondit l’hacendero d’un ton sec qui n’admettait pas de réplique.

Le juge secoua la tête, et piquant des deux il partit au grand trot suivi de son escorte après avoir fait un dernier geste d’adieu au fermier.

Celui-ci le suivit des yeux tant qu’il put l’apercevoir, puis il rentra à grands pas dans l’hacienda.

— Nô Eusébio, dit-il au mayoral, sonnez la cloche pour réunir tous les péons ainsi que les autres serviteurs de l’hacienda.

Le mayoral, après avoir regardé son maître avec étonnement, se hâta d’exécuter l’ordre qu’il avait reçu.

— Qu’est-ce que tout cela signifie ? dit-il.