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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/453

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Ainsi que tous les hommes qui ont longtemps mené une vie errante, pendant laquelle ils ont été sans cesse le jouet d’événements plus ou moins fâcheux, je suis doué d’une bonne dose de philosophie, chose indispensable lorsqu’on voyage, en Amérique surtout, où la plupart du temps on est livré à sa propre industrie sans avoir la ressource de pouvoir compter sur un secours étranger.

Je pris mon parti en brave, renonçant avec un soupir de regret à l’espoir d’un souper et d’un abri ; comme la nuit s’assombrissait de plus en plus, qu’il était inutile de marcher davantage dans les ténèbres, peut-être dans une direction diamétralement opposée à celle que j’aurais dû suivre, je cherchai des yeux autour de moi une place convenable pour établir mon bivouac, allumer du feu et trouver un peu d’herbe pour ma monture, qui ainsi que moi mourait de faim.

Ce n’était pas chose facile dans ces campagnes calcinées par un soleil dévorant et couvertes d’un sable fin comme de la poussière ; cependant après de longues recherches je découvris un arbre chétif à l’abri duquel avait poussé une assez maigre végétation.

J’allais mettre pied à terre quand mon oreille fut frappée du bruit lointain du pas d’un cheval qui semblait suivre la même route que moi et s’avançait rapidement.

Je restai immobile.