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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/52

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— Voici dans ce sac des vivres pour deux jours ; je vous laisse cette carabine rayée qui dans ma main n’a jamais manqué le but ; je vous donne aussi ces pistolets, ce machete, ce couteau, cette hache, de la poudre et des balles dans ces cornes de buffalos ; vous trouverez dans le sac aux provisions un briquet et tout ce qu’il faut pour faire du feu ; j’y ai joint une Bible appartenant à votre mère. Vous êtes mort pour la société dans laquelle vous ne devez plus rentrer ; le désert est devant vous ; il vous appartient ; pour moi, je n’ai plus de fils, adieu ! Le Seigneur vous fasse miséricorde, tout est fini entre nous sur la terre ; vous restez seul et sans famille, à vous maintenant à commencer une seconde existence et à pourvoir à vos besoins. La Providence n’abandonne jamais ceux qui placent leur confiance en elle ; seule, désormais, elle veillera sur vous.

Après avoir prononcé ces mots, don Ramon, le visage impassible, remit la bride à son cheval, rendit à son fils la liberté, en tranchant d’un coup les liens qui l’attachaient, et, se mettant en selle, il partit avec rapidité.

Rafaël se releva sur les genoux, pencha la tête en avant, écouta avec anxiété le galop précipité du cheval sur le sable, suivit des yeux, aussi longtemps qu’il put la distinguer, la fatale silhouette qui se détachait en noir aux rayons de la lune ; puis, lorsque le cavalier se fut enfin confondu avec les ténèbres, l’enfant porta la main à sa poitrine, une expression