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Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/388

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— Oh ! cher comte, pas de galanteries, ou je les prendrai pour des faux-fuyants.

— Ai-je l’air de vouloir éviter… ?

— La lutte ?

— Je n’ai pas dit cela.

— Ne cherchez pas vos mots. Nous nous en entendrons mieux. Je suis franche, quand je le veux…

— Je le sais.

— Or, il me plaît de l’être aujourd’hui.

— Vous pouvez tout ce qu’il vous plaît de vouloir.

— Encore ! fit Hermosa avec impatience.

— Je me tais, répliqua M. de Warrens avec un sourire imperceptible.

— Ce n’est pas cela que je vous demande. Répondez-moi.

— Soit.

— Mais ne me répondez que lorsque je vous interrogerai.

— Alors ce n’est plus un entretien, une conversation, c’est un interrogatoire.

— Ce sera ce que vous voudrez, pourvu que vous m’obéissiez.

— À vos ordres, mon président.

On le voit, le comte de Warrens tenait à circonscrire cette heure d’entretien dans les bornes de la plaisanterie, du pur badinage.

La comtesse de Casa-Real tenait au contraire, elle, à ne pas perdre son temps dans des répliques, oisives et oiseuses.

Elle reprit :

— Vous me l’avez assez donné à entendre en regardant l’heure à votre montre, le temps vous presse, vous ne pouvez disposer que de peu de minutes.

Le comte ne sourcilla point.

— Est-ce vrai ?

Il s’inclina en silence.

— Votre silence même est une affirmation. Et quoique ce soit un rude échec pour mon amour-propre, ajouta-t-elle nerveusement, il me faut bien reconnaître votre vif désir d’en finir au plus tôt.

Elle attendit une dénégation.

Point.

Le comte, dans l’attitude de la plus grande attention, écoutait, et lui répondait par son immobilité polie :

— Vous m’avez ordonné de me taire, je me tais. Vous m’avez enjoint de ne faire que vous répondre. Vous ne m’interrogez pas, je n’ai pas un mot à dire.

— Bien, fit Mme de Casa-Real, comprenant cette mimique silencieuse, cette immobilité expressive. Bien, vous êtes dans votre droit. Continuons. Il reste donc bien convenu que vous êtes au regret de vous trouver céans, mais vous vous y trouvez et je profiterai de votre présence pour avoir avec vous une explication… nécessaire. La reconnaissez-vous nécessaire ? s’écria-t-elle vivement et changeant de ton.

C’était une question.