— Que faire ? Mon Dieu, c’est simple comme deux et deux font quatre. Il faut d’abord l’enlever d’ici.
— Qui ? le duc !
— Lui-même, et au plus vite.
— Si on allait le reconnaître ?
— C’est précisément pour qu’on ne le reconnaisse pas que je vous conseille de l’enlever sur-le-champ.
— Vous avez raison. Malheureusement, cette nuit, il m’est impossible de me charger de cette corvée.
— Merci pour lui, dit l’ex-chef de la police de sûreté.
— Je voulais dire : de ce soin, reprit vivement son interlocuteur.
— Voulez-vous que je m’en charge ? demanda M. Jules avec la plus complète insouciance.
— Vous ?
— Moi-même.
— Au fait, pourquoi non ? ajouta le commissaire. Je prends sur moi de vous laisser libre.
— Ouf ! fit l’autre en respirant à pleins poumons.
— Mais à une condition ?
— Laquelle ?
— Vous vous tiendrez à ma disposition.
— Je vous le promets.
— Et à ma première requête, à mon premier appel, vous viendrez.
— J’accourrai.
— C’est chose convenue ?
— Parole donnée !
Et l’ancien chef de la police de sûreté tendit la main au commissaire de police, qui la serra cordialement.
— Vous me laissez mes hommes ? fit-il.
— Ceux qui vous seront indispensables.
— Je n’ai besoin que de deux d’entre eux.
— Vous m’en répondez ?
— Comme de moi-même.
Le commissaire ne sourcilla pas et prit cette réponse bon jeu, bon argent.
— Prenez ceux que vous voudrez, répliqua-t-il.
M. Jules ne fut pas long à faire son choix.
Le choix décidé, on déblaya la situation.
Les morts furent envoyés à la Morgue ; les blessés, placés d’urgence à l’hôpital, et les valides conduits à la Préfecture.
Ainsi qu’il s’y était engagé, le patron de maître Coquillard-Charbonneau s’occupa spécialement de l’inconnu que le commissaire s’obstinait à appeler le duc.
Il le fit enlever par les deux gaillards qu’il avait choisis dans sa troupe.
Avant même de le leur livrer, à moitié assommé, à moitié évanoui, il prit le soin de l’envelopper dans un large manteau.
De la sorte, nul curieux ne parvint à regarder de près quel homme était ce