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Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/83

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Février,
Invisible.

— Est-ce bien tout ? N’avez-vous rien oublié ?

— C’est tout. Je n’ai rien oublié.

— Vous avez religieusement tenu le serment de ne révéler à personne le secret que vous venez de révéler ici ?

— Je le jure sur mon salut éternel.

— Ainsi, vous en convenez, l’homme qui vous présentera ce signe de reconnaissance sera bien réellement le chef que vous attendez ?

— Oui, si, le signe une fois présenté, il ajoute certaines paroles que lui et moi nous savons seuls.

— Ces mots ne forment qu’une réponse.

— Il est vrai.

— Eh bien ! regardez d’abord.

D’un geste plus rapide que la pensée, celui qui venait de parier écarta son domino et découvrit sa poitrine.

Sur cette poitrine étincelait une plaque en diamants.

— C’est lui ! c’est lui ! s’écrièrent les Invisibles,

— Attendez, dit froidement leur chef en refermant son domino, toutes les formalités ne sont pas encore remplies.

Alors, se tournant vers le président, qui attendait dans une attitude respectueuse :

— Vous avez une question à m’adresser, ajouta-t-il.

— En effet, maître, j’ai à vous demander au nom de qui vous venez, vers nous.

— Je viens, dit celui qu’on venait d’appeler le maître, le chef, l’Invisible, je viens au nom du Christ, mort sur la croix, il y a plus de dix-huit cents ans, pour la rédemption et pour l’émancipation du genre humain. Je viens au nom du Christ, dont on a faussé le verbe sacré. Mes frères, me reconnaissez-vous ?

— Maître, répondit en s’inclinant le président, vous êtes celui que nous n’espérions plus voir cette nuit. Vous tenez dans vos mains la vie et la volonté de chacun de nous. Marchez, nous vous suivrons. Parlez, nous écouterons. Ordonnez, nous obéirons.


VI

L’INVISIBLE

À cette déclaration spontanée de leur président, les sept membres présents de l’association ne purent retenir leurs exclamations joyeuses.

La question était nettement tranchée en faveur de ce nouveau venu, dont on menaçait les jours peu d’instants auparavant.