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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/101

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— Mais, dit avec animation doña Lilia, avec nous ce danger n’existe pas. Si on nous attaquait…

— Silence, Lilia, au nom du ciel s’écria vivement doña Elmina en posant la main sur le bras de sa compagne.

— Or nous sommes marins, nous autres, et par conséquent nous ne connaissons que très-mal les parages dans lesquels nous nous trouvons, reprit en souriant le capitaine ; nous sommes donc à la recherche d’un boucanier de nos amis, qui chasse dans les environs et qui nous procurera sans doute les moyens d’atteindre sans encombre une ville ou un bourg espagnol quelconque voilà tout le mystère, señora.

— Je vous remercie, caballero ; l’affaire est très-simple et je reconnais, qu’effectivement votre ami ne pouvait me répondre autrement qu’il l’a fait.

Les Espagnols s’étaient rapprochés sans affectation et ils écoutaient l’entretien d’un air assez mécontent, comme si leur intraitable orgueil castillan se fut blessé de voir que deux señoras consentissent a causer ainsi avec des ladrones, bien que ces ladrones leur eussent rendu un immense service.

Les flibustiers jugèrent inutile de continuer plus longtemps une conversation à laquelle trop de personnes se trouveraient avoir part ; ils saluèrent donc respectueusement les deux dames et regagnèrent leur poste à la tête de la caravane.