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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/169

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pour le piloter dans la passe ; si je me suis trompé, je suis prêt à rentrer dans le port.

— Non pas, diable ! s’écria en riant le jeune homme ; vous ne pouviez venir plus à propos, au contraire, nous avons besoin de vous.

— Mais il me semble, mon estimable capitaine, que vous n’êtes pas…

— Des Espagnols, interrompit Pierre Legrand, pardieu ! nous sommes des ladrones, pour vous servir.

— Jésus ! José ! Maria ! s’écria le pilote ahuri de sa méprise en joignant les mains avec désespoir.

— Rassurez-vous, bonhomme, lui dit amicalement le flibustier, nous ne vous voulons pas de mal, et qui sait ? peut-être est-ce un bonheur pour vous de nous avoir rencontrés ? Allons, vous autres, quatre hommes dans cette pirogue, en double, et attendons la frégate.

Leur attente ne fut pas longue, presqu’aussitôt la Taquine les recueillit. Pierre Legrand monta à bord avec ses prisonniers.

Le nègre était plus mort que vif, rien ne pouvait le rassurer.

Lorsque le jeune homme eut rendu compte à son chef de ce qui s’était passé, celui-ci fit approcher l’Espagnol.

— Tu es pilote ? lui demanda-t-il en le regardant dans les yeux.