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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/17

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disait, que tout Français sur le sol étranger devait représenter la France et la faire respecter en sa personne.

Le poste de vice-consul, dans cette île, est une des plus agréables sinécures qui soient au monde ; il n’entre pas trois navires français à Saint-Christophe par an, le vice-consul en serait réduit à se croiser les bras du matin au soir, comme le consul général du roi de Siam à Paris, si notre représentant, homme éminemment distingue et naturaliste fanatique, n’avait pas réussi à se créer des occupations particulières, qui ne lui laissaient pas un instant de loisir.

Monsieur Ducray, je cacherai sous ce pseudonyme le nom de cet excellent homme, auquel je suis redevable de n’être pas mort du spleen à Saint-Christophe, monsieur Ducray avait quarante-cinq ans, il était grand, bien fait ; ses manières étaient élégantes ; sa physionomie ouverte, fine et spirituelle, était essentiellement sympathique ; il appartenait à une de ces familles françaises dont j’ai parlé plus haut, et jouissait d’une grande considération, même auprès des autorités anglaises de l’île.

Il me reçut à ravir, et m’obligea tout d’abord à congédier mon guide et mon cheval, en me disant que je lui appartenais pour tout le temps de mon séjour à Saint-Christophe ; un domestique noir se chargea de mon porte-manteau, monsieur Ducray m’entraîna à sa suite, et il me conduisit à une chambre charmante prenant jour sur le port.