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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/192

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— Cette gaieté que tu me reproches est factice, reprit vivement doña Lilia : j’essayais, par une feinte joie, de ramener un fugitif sourire sur tes lèvres ; puisque je n’ai pas réussi, c’est que j’ai eu tort. Pardonne-moi donc, Elmina ; désormais mes rires ne troubleront plus ta douleur.

Ces derniers mots furent prononcés par doña Lilia, avec un tel accent de douce sympathie et de véritable tendresse que doña Elmina tressaillit, et elle se jeta dans les bras de son amie en éclatant en sanglots.

Il y eut un long silence ; les deux jeunes filles pleuraient.

— Tu as raison, reprit doña Elmina, je souffre horriblement ; mon cœur se brise, tu as deviné une partie de mon secret ; eh bien, soit ! écoute-moi, tu sauras tout.

— Sommes-nous seules ici ? demanda doña Lilia ; attends.

Et portant à sa bouche un sifflet d’or pendu à son cou par une chaîne de même métal, elle siffla.

Quelques minutes s’écoulèrent, puis un pas lourd résonna sur le parquet, une porte s’ouvrit et une négresse d’une quarantaine d’années parut en souriant sur le seuil.

Cette négresse avait du être fort belle ; ses traits intelligents respiraient la douceur et la bonté mêlées à une certaine expression d’énergie.

— Maman Quiri ! dit doña Lilia d’une voix ca-