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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/202

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et qui se donnait le nom de don Enriquo Torribio Moreno et passait pour Mexicain, formait avec lui le contraste le plus complet.

Ses traits vulgaires, ses yeux gris, bridés et clignotants, comme ceux des oiseaux de proie nocturnes, ses cheveux châtains presque blonds, sa taille à peine au-dessus de la moyenne, large et trapue, lui donnaient au premier coup d’œil l’apparence d’un matelot breton ou normand plutôt que celle d’un noble espagnol ; mais il y avait tant de finesse dans son regard, une vigueur si réelle dans ses membres noueux, que, malgré soi, on était forcé de reconnaître en lui un homme peu ordinaire.

Du reste ses manières étaient celles d’un homme du monde.

Les deux cousines avaient quitté leurs hamacs et s’étaient assises sur des coussins pour recevoir leurs visiteurs ; en entendant la porte s’ouvrir, elles se levèrent.

Don José Rivas avait les sourcils froncés, un sourire railleur se jouait sur ses lèvres ; il semblait être de fort mauvaise humeur.

— Bonjour, niñas, dit-il avec une teinte d’ironie, je viens en bon père vous faire une visite.

— Soyez le bienvenu, mon père, répondit doña Elmina d’une voix tremblante.

Doña Lilia approcha des sièges.

— J’ai pris la liberté, reprit don José toujours sur le même ton, d’amener avec moi don Torribio