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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/233

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Quelques minutes s’écoulèrent ; enfin Ourson Tête-de-Fer redescendit lentement sur le pont.

— Messieurs, dit-il en soulevant son chapeau, ce bâtiment est un brick espagnol ; il vient de virer de bord, mais, avec l’aide de Dieu, avant le coucher du soleil, nous serons dans ses eaux ; il est loin de marcher aussi bien que nous. Lieutenant faites prendre chasse.

La manœuvre fut exécutée avec un entrain et une rapidité extrêmes.

En quelques secondes, la Taquine se couvrit de voiles et bientôt elle fila sur les lames avec la rapidité d’un goéland.

Le capitaine, après s’être assuré par lui-même que ses ordres avaient été bien compris, redescendit dans sa chambre, suivi du Poletais et de l’Olonnais.

La Taquine était peut-être la meilleure marcheuse de tous les bâtiments français, anglais, hollandais ou espagnols qui, à cette époque, sillonnaient l’Atlantique dans tous les sens.

Cette fois elle ne se démentit pas ; le malheureux navire auquel elle appuyait la chasse eut beau ruser, changer d’amures, tourner, virer : rien n’y fit, il fut contraint de s’avouer vaincu.

Bientôt on l’aperçut à l’horizon comme une tache blanche, grande comme l’aile d’une mouette, puis cette tache grossit, la voilure se développa, le bois apparut, et, vers six heures du soir, il ne se trou-