Aller au contenu

Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alors nous disons seize ; vous prendrez en sus de l’eau et des vivres pour huit jours, dix fusils, huit sabres, huit pistolets, et cent cinquante charges de poudre pour vous défendre au besoin ; vous êtes au milieu des Antilles si vous ne parvenez pas à atteindre une terre espagnole, c’est qu’alors le diable s’en mêlera bien décidément. Du reste pour plus dé sûreté, au cas où vous seriez rencontré par quelque croiseur de l’île de la Tortue ou du Port-Margot, je vous donnerai un sauf-conduit. Êtes-vous satisfait ?

— Oh ! commandant, s’écria le pauvre homme avec des larmes dans la voix et baisant les mains d’Ourson malgré lui ; comment m’acquitterai-je jamais envers vous ?

— En disant a vos compatriotes, mon cher don Ramon, que les flibustiers ne sont pas si diables qu’ils le paraissent et qu’ils ont du cœur comme les autres hommes. À présent, un conseil.

— Parlez.

— Tâchez de ne plus vous retrouver sur ma route.

— Ma foi ! répondit avec naïveté don Ramon moitié riant, moitié pleurant, si je dois être capturé une cinquième ou plutôt une sixième fois, j’aime autant que ce soit par vous que par un autre.

— Merci, et maintenant, tandis que le déménagement s’opérera, venez vous rafraîchir dans ma cabine, capitaine, et causer avec moi.