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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/277

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serait interrompre notre besogne… mais ce n’est pas tout.

— Oui, oui, répondit don Torribio en ricanant, je sais où le bât vous blesse.

— Caraï ! j’avoue qu’il me blesse furieusement, je l’ai entrevu deux fois ce fameux capitaine Bustamente, ainsi que vous le nommez, Seigneurie, sur ma foi ! il n’a pas l’air d’un compagnon commode du tout.

— Mais vous êtes vingt ?

— La belle avance ! écoutez bien ceci : Il y a trois jours, pas plus tard, nous nous étions embusqués, une douzaine de compagnons, pour l’attendre à la sortie de chez le gouverneur ; on dit qu’il est très-heureux au jeu et dame nous voulions le débarrasser d’une partie de son bénéfice de la soirée : il faisait noir comme dans un four ; il arrive, nous tombons sur lui tous à la fois ; un autre aurait demandé grâce et se serait rendu, n’est-ce pas ?… Ah bien oui… Que fait notre endiablé capitaine ? Il dégaine une espèce d’épée de bal, longue comme un couteau, qu’il portait pour toute arme, et, sans dire un mot, sans jeter un cri, il tombe si dru sur nous qu’en moins de trois minutes il en a éventré cinq, éclopé deux ou trois, et s’en est allé en nous faisant la nique. Non, non, Seigneurie, ce n’est pas aussi simple que cela ! et puis, en ma qualité d’homme d’épée, je l’aime, moi, cet homme, c’est un brave ; je m’y intéresse