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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/311

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— Et cet autre homme ?

— Vous le connaissez.

— Moi ?

— Oui, souvenez-vous de la partie terrible que vous avez jouée contre un boucanier dont j’étais la prisonnière.

— Mais ce boucanier est mort, señorita.

— Est-il mort ? en êtes-vous sûr ?

— Oh ! capitaine, dit timidement doña Lilia en se pressant tremblante contre sa compagne ; c’est lui, ce doit être lui, une telle ressemblance est impossible.

Un nuage passa sur le front du capitaine ; il se tourna lentement vers Barthélemy, qui se tenait à deux ou trois pas en arrière, appuyé sur son fusil, et, lui tendant la main :

— Frère, lui dit-il avec tristesse, tu dois savoir toute la vérité, toi, pourquoi donc refuses-tu de parler ?

À cette interrogation subite et si nettement formulée, le flibustier tressaillit, un tremblement nerveux agita tout son corps ; il pâlit, et frappant la terre de la crosse de son fusil :

— Pourquoi me demander cela, Frère, dit-il d’une voix étranglée, lorsque tu sais que je ne puis te répondre ?

— Pardonne-moi, Barthélemy, j’ai eu tort, dit franchement le capitaine, mais j’en sais assez maintenant pour prendre mes mesures. Señorita,