Aller au contenu

Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que faisais-tu donc là ? lui demanda-t-il d’un air indifférent tout en jetant un regard louche autour de lui.

— Là ? où donc cela ? cher ami, répondit le flibustier.

— Penché sur la lisse, à bâbord.

— Je prends congé du lieutenant de ce navire que tu vois la-bas, mouillé à deux encâblures. Il est entré cette nuit, c’est un côtier de la Vera-Cruz ; il avait amarré un grelin sur nous afin de s’affourcher plus facilement.

Don Torribio regarda.

— C’est singulier, dit-il d’un air pensif, il me semble que je le connais, ce navire.

— Il n’y aurait là rien de bien extraordinaire, fit Barthélemy, ce n’est pas la première fois qu’il vient à Carthagène. Qui t’amène ici ? Est-ce que tu as quelque chose a me dire ?

— Moi ? non, rien ; je viens te voir.

— Voilà tout ?

— Oui, répondit don Torribio d’un air distrait ; puis il ajouta en forme d’a-parte : Il est évident que je connais ce navire.

Le flibustier sourit.

— Tu as eu une bonne idée de venir, dit-il, je t’attendais avec impatience.

— Ah !

— Oui, car si tu n’as rien à me dire, moi, c’est différent, j’ai à causer avec toi.