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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/32

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— Eh sapristi, ce qui m’arrive ; figurez-vous que ma curiosité de voir le comte Henry est si grande que je n’ai pas dormi une minute de toute la nuit, et que je ne me suis pas levé dans la crainte de vous importuner en vous paraissant trop matinal.

— Ah ! s’écria-t-il en riant, cher monsieur, combien vous vous êtes trompé ; jugez-en. J’ai contracté, ou du moins fait contracter à votre capitaine l’emprunt à la grosse dont il avait besoin ; il est parti pour Sandy-Point il y a une demi-heure, son argent en poche et fort content, je vous assure.

— Je le crois.

— Puis, ainsi que je vous l’ai dit, j’ai réglé les affaires de la chancellerie ; j’ai fait un tour sur le port, de plus, j’ai expédié au comte de Châteaugrand un exprès pour lui annoncer notre arrivée, de sorte qu’on nous attend à déjeuner ; puis je suis venu ici fumer un cigare en vous attendant ; croyez-vous encore que vous m’auriez désobligé en descendant de meilleure heure ? Mais ne parlons plus de cela, buvons un verre de vieux rhum, allumons un puro et à cheval ! nous avons trois lieues à faire.

Ce qui était dit fut fait, cinq minutes plus tard nous étions à cheval, après avoir bu un verre d’excellent rhum et allumé un cigare non moins excellent.

Deux domestiques noirs, en livrée et à cheval comme nous, nous suivaient à distance respectueuse.