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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/84

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Des bravos frénétiques couvrirent en ce moment la voix vibrante et fière du capitaine.

Lorsque le calme se fut un peu rétabli, il reprit, le sourire aux lèvres :

— Je remercie monsieur d’Ogeron, notre respectable gouverneur, l’homme dont la sollicitude paternelle a toujours veillé sur nous, d’avoir daigné se rendre ici ; il sanctionnera ainsi par sa présence la résolution que j’ai prise. Voici mon intention : l’or qui se trouve sur cette table et la fortune de Boute-Feu, maintenant mienne, seront, par les soins de M. d’Ogeron, partagés également entre les plus pauvres d’entre nous, sans distinction de classes, qu’ils soient flibustiers, boucaniers ou habitants. Puisse cette destination enlever à ces richesses mal acquises la boue dont elles étaient souillées ! Quelqu’un d’entre vous sait-il combien Boute-Feu avait d’engagés ?

— Je le sais, dit le beau Laurent ; il en avait cinq.

— Et nous voici ! s’écria un homme du milieu de la foule.

— Approchez, reprit le capitaine.

Cinq pauvres diables à demi-nus, hâves et maigres à faire frémir, s’avancèrent timidement.

— Je vous déclare libres, d’après le droit que me donnent les priviléges des Frères de la Côte, reprit Ourson ; je vous remettrai, selon la coutume, a chacun un fusil, trois livres de poudre et trois