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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/112

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à vos compagnons, qui souffrent eux aussi de vos chagrins, peut-être plus encore que de l’naction à laquelle vous les condamnez. Combattez vaillamment votre douleur, tuez-la, pour qu’elle ne vous tue pas. Voici plus de quatre mois que vous êtes ici ; partez, allez faire une croisière contre les Espagnols ; vengez sur eux la mort de l’ange qu’ils vous ont ravi. Quand vous vous sentirez fort, vous reviendrez près de moi, vous me trouverez ici avec votre fils que vous aimez tant, près de la tombe des deux êtres qui nous sont si chers ; je vous attendrai, mais ne revenez pas sans avoir dompté votre douleur.

— Que votre volonté soit faite, mon père, répondit tristement le jeune homme ; puisque vous l’exigez, je partirai dans deux jours, je m’éloignerai, le cœur brisé, de tout ce que j’ai aimé sur la terre ; je vous laisse mon fils, tout ce qui me reste d’elle. Dans quelques mois, je vous reverrai, à moins que Dieu n’en ordonne autrement.

Olivier fit une dernière visité à la tombe de doña Dolorès ; il pleura pendant de longues heures avec des sanglots déchirants, sur l’herbe humide qui, comme un vert linceul, recouvrait l’ange qu’il avait perdu ; mais tout à coup il se releva, essuya ses larmes et s’éloigna à grands pas sans détourner la tête, se roidissant contre le désir de revenir pleurer encore et dire un adieu suprême à celle qui n’était plus.

Le jour même, Olivier commença les préparatifs de son départ il comprenait combien il était urgent qu’il s’éloignât, s’il ne voulait pas succomber à sa douleur et augmenter ainsi le désespoir, si amer déjà, de don Diego Quiros, ce noble vieil-