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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/136

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» Adieu, cher Ivon, mon pauvre vieux matelot, hélas ! jamais nous ne nous reverrons ; mais jusqu’à mon dernier soupir, de loin comme de près, je ne cesserai jamais de penser à toi et à Maraval.

» Fais mes adieux à nos braves camarades lis-leur les papiers qui te constituent propriétaire et maitre à bord en mon lieu et place, et dis-leur bien que je les aimais comme des frères, et que je ne les quitte qu’à regret ; mais il le faut la vie civilisée m’est insupportable. Adieu encore. Surtout, ne perds pas ton temps à me chercher, ce serait inutile.

» À bord du brick-goëlette le Hasard, devant Santa-Buenaventura,

» (Baie de Santa-Buenaventura, Californie),

» le 11 septembre 182…
 » Charles-Olivier Madray,
 » capitaine-propriétaire du brick-
 » goëlette le Hasard. »


Un assez long silence suivit la lecture de cette lettre.

Les trois hommes, perdus dans leurs pensées, demeuraient la tête basse et les yeux pleins de larmes.

— Avez-vous quelque chose à ajouter, mon cher Lebris ? demanda enfin M. Maraval d’une voix défaillante.

— Quelques mots seulement, reprit le marin en s’essuyant les yeux à la dérobée. Olivier, ainsi que je l’appris plus tard, ne s’était arrêté que pendant deux heures dans le Presidio, le temps né-