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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/146

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actif et contemplatif, l’avait empêché d’oublier l’expérience jadis acquise.

Huit jours à peine après avoir quitté son navire, le jeune homme avait tout naturellement repris, sans même y songer, ses anciennes habitudes de chasseur et cela si complétement, que Mayava, la vieille Indienne, avec laquelle il voyageait, était émerveillée elle-même de la sagacité qu’il déployait en toutes choses de la certitude avec laquelle, sans jamais commettre la plus légère erreur, il se dirigeait à travers d’inextricables forêts vierges, des prairies couvertes de hautes herbes, ou des déserts sablonneux, dont la surface mouvante changeait d’aspect sous le souffle capricieux de l’ouragan, qui en modifiait entièrement la topographie en quelques heures.

Après une marche non interrompue qui dura pendant plus d’un mois, les voyageurs atteignirent enfin un Atepetl, ou village d’hiver, de la nation à laquelle appartenait Mayava.

Signalés aussitôt par les enfants et les femmes dispersés autour du village, soit pour ramasser du bois mort, soit pour pêcher, Olivier et sa compagne s’arrêtèrent, en attendant que les chefs vinssent les recevoir.

Cet Atepetl était assez grand, très-bien construit et assez solidement fortifié par de hautes palissades et de forts remblais de terre ; le village était assis sur le sommet d’une colline élevée, dont il descendait les pentes jusqu’au bord d’une rivière assez large par laquelle il était entouré de trois côtés ; le quatrième, en sus de la palissade dont nous avons parlé, était défendu par un fossé profond, sur lequel une planche jetée en travers for-