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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/212

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Il prit de l’eau, mouilla les tempes du jeune homme, les poignets et le creux de l’estomac.

— Pauvre Olivier ! murmurait le banquier, pourquoi faut-il que ce soit moi qui lui apporte une douleur nouvelle !

Le chasseur fit deux ou trois mouvements convulsifs et ouvrit les yeux.

— J’avais espéré mourir ! murmura-t-il d’une voix faible.

— Est-ce un guerrier qui parle ? dit le Sachem d’un ton de reproche.

— Courage, mon ami ! s’écria M. Maraval, le coup est porté, maintenant ; vous l’avez bravement supporté, vous revenez à la vie.

— Oui, dit-il avec amertume, je recommence à vivre, car je souffre !

Et cachant sa tête dans ses mains, il éclata en sanglots et fondit en larmes.

C’était un spectacle navrant que de voir pleurer comme un enfant cet homme si fort, ce cœur si vaillant.

Le banquier et le Sachem étaient en proie à une douloureuse émotion ; ils comprenaient combien Olivier devait souffrir pour être devenu subitement si faible !

La nuit tout entière s’écoula sans que le sommeil fermât un seul instant les paupières des trois hommes.

Vers le matin, le chef et M. Maraval eurent à voix basse une longue conversation.

Olivier n’avait pas changé de position : les coudes sur les genoux, la tête dans les mains, il demeurait immobile comme s’il eût été changé en statue de pierre ; quelques soubresauts convul-