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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/219

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Puis, élevant la voix, le chasseur cria à deux reprises, avec une douleur navrante :

— Adieu ! adieu !

Les Comanches répondirent par de lugubres gémissements, et ils restèrent immobiles et les yeux fixés sur les voyageurs jusqu’à ce que ceux-ci eussent enfin disparu dans les méandres de la sente conduisant au comptoir de traite.

Je ne décrirai pas Little-Rock, j’ai déjà eu occasion de faire connaître cette ville à mes lecteurs dans mes précédents ouvrages.

La première visite de M. Maraval et d’Olivier, en arrivant à Little-Rock, fut pour master Groslow Wilson and C°, le premier et le plus riche comptoir d’échange de la ville.

Master Groslow accueillit admirablement le chasseur, et ne fit aucune difficulté pour régler son compte. La balance en faveur d’Olivier se trouva être de 57,483 dollars, somme considérable qui représente en monnaie française 287,415 fr., et à laquelle Olivier était loin de s’attendre ; du reste, il n’avait jamais fait de prix, et, dans toutes ses transactions, il s’en était constamment rapporté à la bonne foi de master Groslow : on voit que sa confiance était bien placée.

Sur sa demande, master Groslow lui remit une traite payable à présentation chez MM. Maraval et Mallet, de Cadix, sans soupçonner un instant que le chef de cette riche maison était en ce moment devant lui.

— Suis-je assez riche ? demanda Olivier avec amertume à son ami. Supposera-t-on encore que l’espoir d’une fortune subite m’a engagé à obéir aux ordres de mon père, que je ne connais pas ?