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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/223

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gnait un aussi vif désir de le voir et de le connaître ; et il cherchait consciencieusement dans son esprit les motifs de ce changement, tout au moins extraordinaire.

De même que tout ce qui se fait en Espagne, le service de la poste marche cahin-caha ; il va comme il peut, personne n’y trouve à redire ; on est si bien habitué, dans ce bienheureux pays, à ce que tout aille par à peu près, que le contraire effraierait et semblerait une innovation dangereuse.

Vingt-cinq jours s’écoulèrent avant que M. Maraval reçût une réponse à la lettre qu’il avait écrite.

Olivier profita de ce délai que lui procurait l’incurie chronique de l’administration espagnole pour envisager sa situation sous toutes les faces et se dresser un plan de conduite.

Un matin, enfin, vingt-sept jours après avoir écrit, au moment où il achevait de déjeuner avec sa famille, un domestique annonça à M. Maraval l’arrivée d’un courrier se disant chargé d’un message pressé.

Précisément, ce jour-là, Olivier s’était absenté pour aller rendre quelques visites aux environs de Puerto-Santa-Maria.

Le banquier se leva de table et passa dans son cabinet, où il ordonna d’introduire le courrier.

Cet homme parut presque aussitôt ; il était vêtu d’une riche livrée, et portait les armoiries de son maître brodées sur le haut de sa manche gauche.

— Señor, dit-il, je précède de quelques heures une escorte de douze cavaliers, que mon maître a l’honneur de vous envoyer, pour vous accompagner pendant votre voyage à Madrid. J’ai, de plus, l’ordre de vous remettre cette lettre.